Le bioéthanol « ne doit pas être victime » d’un accord avec les États-Unis
Bioéthanol France, la CGB, l’AGPB et l’AGPM s’inquiètent du sort des industries européennes et françaises de bioéthanol en cas d’accord commercial entre l’Union européenne et les États-Unis. Cet éventuel accord vise la suppression ou la réduction des droits de douane sur l’éthanol américain.
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« Le bioéthanol est un produit agricole sensible dans l’Union européenne et ne doit pas être victime de concessions dans cette négociation », déclarent Bioéthanol France, la CGB, l’AGPB et l’AGPM (1) dans un communiqué commun le 11 juillet 2025. Le collectif exhorte la Commission européenne d’exclure l’éthanol de tout accord potentiel « zéro pour zéro » avec les États-Unis.
Cette demande s’inscrit dans le contexte de la guerre commerciale de Donald Trump et des pourparlers en cours entre son administration et la Commission européenne. Le 12 juillet, la présidente de l’exécutif européen Ursula von der Leyen a dénoncé la décision du président américain d’imposer 30 % de droits de douane sur les importations européennes, tout en déclarant souhaiter parvenir à un accord commercial d’ici le 1er août 2025.
Écart de compétitivité
Selon le collectif, il est essentiel de maintenir le système existant, dans la mesure où un accord tarifaire « zéro pour zéro » creuserait encore plus l’écart entre les deux puissances économiques :
- Les producteurs américains d’éthanol profitent de prix de l’énergie plus bas et d’une réglementation environnementale plus souple que leurs homologues européens, ainsi que de crédits d’impôts liés à la production de carburants durables. « Les droits existants à l’entrée de l’Union européenne (UE) contribuent donc à rétablir un certain degré d’égalité » ;
- Les États-Unis exportent leurs productions excédentaires vers le Canada, le Royaume-Uni et l’UE, « perturbant déjà et de manière massive » ces marchés : « les exportations d’éthanol américain vers l’UE et le Royaume-Uni ont atteint près d’un million de tonnes en 2024, faisant des États-Unis de loin le plus grand fournisseur d’éthanol en Europe » ;
- L’UE est « déjà largement ouverte » aux importations d’éthanol. « Aujourd’hui, environ 900 000 tonnes d’éthanol entrent dans l’UE en franchise de droits ». Ce chiffre pourrait monter à 1,64 million de tonnes avec le Mercosur.
Des industries déjà sous tension
Cet accord commercial pourrait alors avoir des conséquences « irrémédiables » pour l’industrie européenne et française, « avec la fermeture ou la réduction sensible de l’activité de nombreux sites industriels ». Preuve en est, selon le collectif, des conséquences de l’accord conclu entre les États-Unis et le Royaume-Uni : « immédiatement, les deux principaux producteurs du pays ont menacé de mettre fin à très court terme, sauf soutien public massif, à leur activité au Royaume – Uni », affirme-t-il.
La compétitivité des sucreries et des amidonneries pourrait être également impactée, alors que ces outils industriels sont « déjà sous tension » en France. « Le secteur de l’éthanol représente 12 usines et 12 000 emplois directs, indirects et induits dans l’agriculture, l’industrie et les services, rappellent les quatre organisations. Bioéthanol France, la CGB, l’AGPB et l’AGPM déplorent l’absence d’étude d’impact sérieuse par la Commission européenne prenant en compte les effets cumulatifs des accords signés sur l’industrie, l’agriculture et les milliers d’emplois qui en dépendent ».
(1) Syndicat professionnel qui représente les intérêts des producteurs français de bioéthanol (Bioéthanol France), et associations spécialisées de la FNSEA : Confédération générale des planteurs de betterave (CGB), Association générale des producteurs de blé (AGPB) et Association générale des producteurs de maïs (AGPM).
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